Pour tous ceux qui se demandent s’ils sont prêts à s’engager dans un stage de pleine conscience, voici ce qu’en pense Jon Kabat Zinn ( extrait de: au coeur de la tourmente )
Cultiver le pouvoir de guérison de la pleine conscience requiert bien plus que de suivre mécaniquement une recette ou une série d’instructions. Aucun vrai processus d’apprentissage ne se déroule ainsi. Apprendre, voir et changer surviennent uniquement quand l’esprit est ouvert et réceptif. La pratique de la pleine conscience vous demandera d’engager tout votre être dans le processus. Vous ne pouvez pas uniquement vous asseoir dans une posture de méditation et espérer que quelque chose arrive par magie. Vous ne pouvez d’avantage faire passer un CD et penser que le CD va faire « quelque chose » pour vous.
L’attitude avec laquelle vous entreprenez cette pratique de présence est cruciale. C’est le terreau sur lequel vous allez cultiver votre capacité à apaiser votre mental et à détendre votre corps, à vous concentrer et a voir clairement . Si ce sol est pauvre, c’est à dire si votre énergie et votre engagement à pratiquer sont faibles, il sera ardu de developper le calme et la relaxation avec constance. Si le terrain est vraiment pollué, c’est à dire si vous essayez de vous forcer à vous sentir détendu et exigez de vous même que « quelque chose se passe », rien ne poussera et vous conclurez rapidement que « la méditation ne marche pas ».
Cultiver la conscience méditative requiert une façon entièrement nouvelle de considérer le processus d’apprentissage. Nous pensons tellement fort que nous savons ce dont nous avons besoin et où nous voulons arriver, que nous pouvons facilement nous retrouver en train d’essayer de contrôler les choses pour les faire évoluer « à notre façon » comme nous voulons qu’elles soient. Mais cette attitude est à l’opposé du travail de conscience et de guérison. La conscience nous demande seulement d’être attentif et de voir les choses telles qu’elles sont. Et la guérison demande réceptivité et acceptation, une mise en accord avec son environnement dans sa globalité. Rien de ceci ne peut être forcé pas plus que nous pouvons nous forcer à nous endormir. Vous devez créer de bonnes conditions pour pour vous endormir puis lâcher prise.
Si vous méditez en pensant: « ça ne va pas marcher, mais je vais quand même le faire », il y a de fortes chances pour que cela ne vous aide pas. La première fois que vous sentirez une douleur ou un inconfort vous pourrez vous dire: « tu vois, je savais bien que ma douleur ne partirait pas, ou je savais que je n’arriverais pas à me focaliser ou à me concentrer ». Cela vous confirmera que cela n’allait pas marcher et vous laisserez tomber.
Si vous commencez comme un convaincu « pur et dur », certain que ceci est le chemin qui vous convient, que la mindfulness est la réponse, il y a de fortes chances que vous aussi soyez rapidement déçu.
A la clinique de réduction du stress nous observons que les personnes qui viennent avec une attitude sceptique mais ouverte vont le plus loin. Leur attitude: « je ne sais pas si ceci va marcher oui pas, j’ai mes doutes, mais je vais faire du mieux que je peux et voir ce qui se passe. »
Ainsi l’attitude avec laquelle nous abordons l’entrainement de la pleine conscience déterminera grandement la valeur qu’elle aura pour nous dans la durée. C’est pourquoi il peut être utile pour retirer un maximum de ce processus de méditation de cultiver certaines attitudes. Vos intentions plantent le décor de ce qui est possible. Sept attitudes constituent les piliers de la pratique de la pleine conscience comme nous l’enseignons en MBSR: Le non jugement, la patience, l’esprit du débutant, la confiance, le non effort, l’acceptation et le lâcher prise. Ces attitudes doivent être cultivées consciemment pendant votre pratique. Elles constituent le fondement sur lequel vous pouvez construire une pratique de méditation solide.