Il y a 4 comportements qui expliquent la souffrance psychologique dans beaucoup de pathologies que nous traitons en psychothérapie.
La bonne nouvelle est que ces 4 comportements peuvent être changés si nous nous engageons à modifier ces comportements à chaque fois qu’ils se présentent. Pour cela il est nécessaire de devenir conscient quand ils se présentent à nous.
Le premier comportement est l’évitement expérientiel de l’émotion. Personne n’a envie de se sentir anxieux, triste, honteux, coupable ou jaloux et c’est pour cette raison que nous fuyons des situations dans lesquelles ces émotions peuvent monter en nous.
Par exemple quand quelqu’un ressent un stress important lorsqu’il doit parler devant un groupe ou en public. Certaines personnes évitent soigneusement ces situations pour ne pas ressentir l’angoisse de dire des bêtises ou de ne pas être écouté par le public ou prennent les anxiolytiques pour que l’angoisse s’en aille. D’autres au contraire se prêtent à l’exercice, même lorsque l’anxiété ou le trac est important. La différence entre les deux comportements est que la première personne a un trouble anxieux, la deuxième personne est juste stressée.
Nous avons en effet beaucoup de moyens à notre disposition pour nous débarrasser de notre anxiété. Un des plus utilisé est l’alcool. Je rentre stressée à la maison et me voici avec un petit verre pour me détendre. J’ai un peu d’anxiété sociale dans cette fête et me voilà avec un cocktail ou une bière ou deux ou trois. Petit à petit, je ne peux me passer de ces anxiolytiques légaux et commence à devenir dépendant. Il est évident que mon anxiété ne peut pas diminuer naturellement ainsi.
Il en va pas de même avec le couple tristesse et dépression.
Un peu de tristesse peut surgir en moi de temps en temps avec le flot des émotions changeantes. Cette tristesse est passagère et la joie revient assez vite. Dans la dépression, je suis clouée au lit, je pense que je ne peux me débarrasser de ces émotions douloureuses, je me déconnecte des autres et à aucun moment je ressens du soulagement ou un peu de joie et cette humeur peut malheureusement être durable.
Les personnes qui ne peuvent vivre leurs émotions, les laisser être là un temps finissent par développer des troubles dans la sphère émotionnelle et finissent avec un tas de stratégies d’évitement qui aggravent leurs problèmes et renforcent leurs troubles. Les addictions, troubles alimentaires, les distractions de tout ordre ou d’autres comportements fragilisent de plus en plus l’individu et le maintiennent dans des répétitions qui le rendent de moins en moins capable de réguler les émotions désagréables et cela finit en général en dépression.
Le deuxième mécanisme qui favorise la pathologie psychologique est le fait de cultiver les pensées négatives. Il se trouve que l’être humain n’est pas un animal très fort, ni très habile. Nos ancêtres n’avaient pas des capacités physiques extraordinaires comme certains animaux qui avaient plus de force physique et une meilleure résistance aux conditions environnementales que nous. De plus, nos petits mettaient du temps à devenir adultes et devaient être nourris et protégés pendant des années avant de pouvoir être indépendants. Le seul avantage de notre espèce était notre cerveau qui était bien développé et savait résoudre des problèmes. Nous avons donc appris depuis très longtemps à analyser et résoudre des situations compliquées à travers la réflexion, ce qui nous amène à avoir beaucoup de pensées. En revanche, ces pensées ne sont pas toujours utiles comme les pensées qui concernant le passé (rumination) et les pensées anxieuses concernant le futur du genre : qu’est-ce qui pourrait arriver si….?
Les pensées peuvent même devenir intrusives lorsque nous ne les avons pas sollicités comme par exemple quand nous nous réveillons en pleine nuit et nous commençons à cogiter à propos de nos soucis ou à propos de n’importe quoi, ce qui peut causer des troubles du sommeil. Globalement l’être humain pense trop et dans certaines situations cela peut nous empêcher de passer à l’action ce qui est appelé la paralysie de l’analyse. Cette tendance de trop penser est une façon de vouloir avoir le contrôle et de se mettre à l’abri des dangers, mais elle peut aussi nous amener à cultiver nos problèmes et ainsi nous sentir insécure. Cette tendance à trop penser peut même nous amener à être distrait et ne pas nous rendre compte de ce qui se passe dans l’instant présent puis de faire des erreurs.
Ainsi nous analysons depuis des milliers d’années notre environnement pour détecter les dangers ou problèmes qui pourraient mettre en péril notre survie mais il arrive aussi que nous nous trompons.
Si je regarde une forme courbée par terre en pensant que c’est un serpent venimeux, je ressens immédiatement de la peur et mets mes jambes à mon cou. Les multiples dangers de la nature nous ont rendu très vigilants et enclin à anticiper en permanence ce qui pourrait arriver. Un biais négatif a ainsi été créé et ce comportement poussé à l’extrême s’appelle le trouble anxieux généralisé ou encore la paranoïa qui se solde dans de multiples évitements motivés par l’angoisse.
La troisième raison de notre souffrance est un biais cognitif que nous pouvons appeler la réification. C’est le fait de voir les choses comme si elles étaient permanentes et non changeantes. Ainsi nous avons tendance à penser que des situations vont durer pour toujours et si nous rencontrons des situations difficiles nous avons tendance à être pessimistes et penser qu’elles resteront pour longtemps, voir toujours. Si nous n’admettons pas que les moments heureux ne dureront pas non plus, nous pourrions également être déçus lorsque nos attentes ne seront pas satisfaites et auront de plus en plus de mal à accepter la réalité et de nous adapter à elle. Une inadaptation à la réalité amène à des échecs et des déceptions et fait souffrir.
La quatrième raison est notre tendance à vouloir rassurer notre égo. La raison de ce comportement est la hiérarchisation des êtres vivants qui existe aussi bien dans le royaume animal que dans notre environnement social, car les individus qui ont réussi à monter l’échelle sociale avaient plus de chances de reproduire leurs gènes. Ainsi nous avons tendance à nous comparer aux autres et cette comparaison n’est pas toujours flatteuse. En nous comparant, nous pouvons nous sentir soit meilleur ou pire que les autres. Ainsi nous avons tendance à nous demander en permanence si nous sommes assez intelligents, assez fortunés, assez beaux et forts, assez généreux, si nous avons réussi ou échoué, si nous sommes acceptables et aimables par les autres ou non. Les questions sensées augmenter notre estime de soi peuvent semer le doute et peuvent avoir pour résultat de la diminuer. Nous voici avec des problèmes de confiance en soi qui produit l’invalidation de soi et de l’anxiété sociale.
Pour toutes ces problèmes psychologiques il y a heureusement un antidote et ce remède consiste en la pratique de la méditation en pleine conscience.
Dans la pratique de la méditation, nous apprenons à nous familiariser et faire la paix avec nos démons. Lors de cette pratique, nous pouvons rencontrer ce que nous avons essayé d’éliminer de notre conscience et qui peut causer des perturbations, car ces éléments ne sont pas intégrés. Qu’il s’agit d’un vécu traumatique ou de problèmes émotionnels non résolus, ces éléments même perturbants peuvent être rencontrés grâce à la capacité du méditant à s’établir et se stabiliser dans le corps.
Ainsi le Bouddha a pu vaincre ses démons un par un simplement en étant assis sous un arbre pendant 40 jours dans une posture d’accueil et de stabilité émotionnelle. Dans la méditation on appelle cela l’éveil.
Ainsi le Bouddha a pu vaincre ses démons un par un simplement en étant assis sous un arbre pendant 40 jours dans une posture d’accueil et de stabilité émotionnelle. Dans la méditation on appelle cela l’éveil.
A travers cette posture que nous appelons aussi équanimité (être d’humeur égale) nous développons une plus grande tolérance pour nos affects. Nous pouvons ressentir la colère, l’angoisse, la tristesse, la culpabilité sans immédiatement réagir et sans créer des histoires qui nous amènent souvent encore plus profondément dans la détresse émotionnelle.
Le fait que nous pensons que nos pensées disent vrai, que ce sont des faits et qu’elles ont de l’importance ont comme résultat que nous devenons nos pensées, c’est-à-dire nous nous identifions à elles. La méditation en pleine conscience nous apprend de voir une pensée comme une pensée, c’est-à-dire un évènement mental et non comme une vérité en soi ou une incitation à poursuivre la cogitation qui peut déboucher sur des ruminations incessantes lorsque le problème n’est pas soluble.
La méditation nous apprend que penser est » juste quelque chose qui se passe en nous » et que ce n’est pas différent d’autres évènements dans notre corps et que nous pouvons mettre notre attention dans un autre de nos sens comme écouter, voir, sentir le corps.. Nous pouvons également nous rendre compte à quel point nos pensées prennent racine dans nos états émotionnels. Dans la méditation nous pouvons défusionner de nos pensées en les voyant comme des phénomènes passagers qui ne sont pas personnels. Une étude de Harvard a d’ailleurs démontré qu’un esprit qui vagabonde, c’est-à-dire qui cogite est malheureux.
La méditation peut aussi nous aider à sortir de la personnalisation de notre existence et d’avoir des expériences qui nous montrent que nous ne sommes pas séparés de ce qui nous entoure, mais connectés à un vaste monde qui nous dépasse et cela nous permet de dépasser notre propre point de vue et être moins auto centré. Il a été prouvé scientifiquement que cette conscience transpersonnelle est fortement corrélée à la santé psychique, car elle nous sort de nos préoccupations d’estime de soi et de ses écueils.